Le décompte des victimes d’une guerre ne s’arrête pas à la fin d’un conflit
Depuis plus de trente ans, Handicap International ne cesse de le souligner : le décompte des victimes d’une guerre ne s’arrête malheureusement pas à la fin d’un conflit. Au Cambodge depuis déjà trois décennies, et maintenant aussi en Irak, en Libye et en Syrie, les armes dispersées, les mines enfouies dans le sol, les sous-munitions et autres restes explosifs de guerre utilisés notamment en zones peuplées, continueront encore longtemps de faire des victimes, civiles pour la plupart.
De son expérience de la lutte contre les mines antipersonnel et les bombes à sous-munitions (BASM), l’association a décliné son savoir-faire de réduction des risques et de prévention des accidents que génèrent les armes conventionnelles : mines, restes explosifs de guerre, armes légères (portatives et utilisées par une seule personne) et de petits calibres (conçues pour une utilisation de deux ou trois personnes travaillant en équipe).
Elle intervient auprès des populations civiles vulnérables, réfugiées ou déplacées qui sont menacées par la présence de ces armes en contexte d’urgence, de reconstruction et de développement afin de les protéger en créant des communautés plus sûres. Pour ce faire, elle diffuse des messages de prévention auprès des communautés exposées ; leur apprend à gérer les risques ; identifie, cartographie et marque les zones dangereuses ; et s’assure de la destruction des mines, restes explosifs de guerre et des armes légères et de petit calibre obsolètes en respectant les normes internationales. Par ailleurs, elle sécurise les dépôts d’armes et de munitions présentant des risques d’explosion et accompagne les partenaires dans leur gestion de ceux-ci. L’association vise à rétablir le dialogue entre des communautés affectées par la violence armée.
- Les mines et les BASM font une victime dans le monde toutes les 2 heures environ.
- 5 % à 40 % des sous-munitions n'explosent pas à l'impact, se transformant, de fait, en mines antipersonnel.
- 94 % des victimes des BASM recensées sont des civils.
- Sur les 875 millions d’armes légères et de petits calibres en circulation dans le monde – revolvers, fusils, pistolets… – 74 % sont aux mains des civils.*
* Gun Violence : The Global Crisis, IANSA, 2007.
Les quatre secteurs d'activité de la réduction des risques liés aux armes conventionnelles :
Gestion et échange de l’information (enquêtes sur la nature et la localisation de la menace explosive; l’impact humain – socio-économique des armes ; connaissances/ attitudes/ comportements ; perception de la sécurité ; etc.)
Sécurité et protection communautaire (sensibilisation et gestion des risques liés aux armes ; campagnes d’information publique ; plaidoyer ; transformation de conflit)
Destruction des armes conventionnelles (déminage ; dépollution des routes et des champs de bataille ; destruction des armes conventionnelles)
Sécurisation et gestion des stocks d’armes et de munitions (sécurisation/réhabilitation des infrastructures ; marquage des armes et munitions, etc.
Handicap International et la mobilisation internationale
Mines antipersonnel
En 1992, Handicap International crée avec cinq autres ONG la Campagne internationale pour interdire les mines antipersonnel (ICBL). À force de mobilisation de la société civile – plus de deux millions de signatures récoltées depuis 1992 – et de lobbying auprès des États, le Traité d’interdiction des mines est signé à Ottawa en décembre 1997 sur l’initiative du Canada. Il entre en vigueur le 1er mars 1999. Pour les États qui y accèdent par ratification nationale, il est désormais interdit d’utiliser, de stocker, de produire et de transférer des mines antipersonnel. Ils doivent également détruire leurs stocks. Pour ce combat acharné contre les mines qui a abouti au Traité d’Ottawa, Handicap International et les autres membres d’ICBL reçoivent conjointement le prix Nobel de la paix en 1997. Le travail incessant de plaidoyer international se poursuit pour que tous les pays de la planète rejoignent enfin le Traité d’Ottawa, y compris les plus gros producteurs que sont les États-Unis, la Russie et la Chine. 66 pays et 5 territoires disputés sont pollués par des mines antipersonnel en octobre 2013.
BASM (bombes à sous-munitions)
Depuis 2003, Handicap International se mobilise pour que ces armes, qui violent par nature le droit international humanitaire, soient définitivement bannies. L'association est l'un des membres fondateurs de la Coalition contre les sous-munitions qui regroupait en 2008 près de 300 ONG, afin de porter une parole forte auprès des États et de faire pression pour l'interdiction des BASM. Le 3 décembre 2008, l’aboutissement de ce combat est de taille : 96 pays signent le Traité d'interdiction des BASM à Oslo. Il entre en vigueur le 1er août 2010. Le traité d’Oslo interdit définitivement l'utilisation, la fabrication, le commerce et le stockage des bombes à sous-munitions. Sur le terrain, beaucoup reste à faire pour que les populations civiles reprennent le cours d'une vie normale, notamment en termes de dépollution des terres et d'assistance aux victimes.
Usage des armes explosives en zones peuplées
L’usage des armes explosives – mines, bombes à sous-munitions, missiles, roquettes, obus, bombes aériennes… – en zone peuplée fait chaque année des dizaines de milliers de nouvelles victimes parmi les civils.
Ces armes provoquent des souffrances et des blessures graves allant jusqu’à l’amputation, causent des handicaps lourds et des traumatismes psychologiques profonds. Elles détruisent les habitations, les écoles, les hôpitaux... Après le conflit, les armes qui n’ont pas explosé à l’impact constituent non seulement un danger pour la sécurité des populations mais aussi un obstacle à la reconstruction du pays. Elles plongent ainsi les populations dans la plus grande pauvreté.