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“Alors que le soleil se couchait, une roquette s’est abattue sur notre maison”

Réadaptation
Irak

Nada a 10 ans. En avril dernier, elle et son père ont été gravement blessés dans un bombardement qui a touché leur maison à Mossoul (Irak). Tous deux amputés, ils bénéficient de l’assistance de Handicap International (HI) à l’hôpital de Muharibeen. 

Nada et Muna, à la fin de la session de kinésithérapie, à l’hôpital de Muharibeen | © Peter Biro – ECHO/HI

Une petite fille habillée d’une tenue de velours rouge avance lentement vers la salle de réadaptation de l’hôpital de Muharibeen. Située à Mossoul, la structure de santé ne désemplit pas, même plusieurs mois après la fin des combats. Nada fait partie de ces victimes collatérales du conflit, des civils payant encore le prix des bombardements en zone peuplée. La petite fille n’a plus qu’une jambe pour avancer désormais. Les cicatrices sur son visage et sa nuque, dus à une fracture de la mandibule, témoignent encore de la violence de l’attaque survenue en avril dernier. Adel, le père de Nada, est aussi amputé. Il avance patiemment derrière elle : lui et sa fille ont aujourd’hui rendez-vous pour leur sixième séance de kinésithérapie.  

Muna, kinésithérapeute de HI, les accueille avec le sourire. Entre la petite fille et la professionnelle de l’association, une complicité s’est créée au fil des séances. Hala, la mère de Nada, s’assied à côté d’elle et l’observe exécuter une première série d’exercices de kinésithérapie. Le regard triste, elle se rappelle encore de l’attaque comme si c’était hier. « Ce jour-là, Nada, ses frères et sœurs et mon mari étaient chez nous. Nous vivions dans l’ouest de Mossoul, la zone la plus touchée par les combats. Alors que le soleil se couchait, une roquette s’est abattue sur notre maison. Mes enfants et mon mari ont été gravement blessés. Les voisins les ont transportés d’urgence à l’hôpital. Mon fils et l’une de mes filles sont morts en chemin. Lorsqu’ils sont arrivés à l’hôpital, Adel et le reste de mes enfants ont dû attendre des heures avant d’être soignés… Il y avait des dizaines d’autres victimes à traiter. Le temps qu’on les prenne en charge, il était déjà trop tard : Adel et Nada se sont tous les deux fait amputer. »

La famille reste plusieurs semaines à l’hôpital, sous le bruit des bombes. « Des roquettes n’arrêtaient pas de tomber, on ne savait pas si on survivrait. Alors, après une vingtaine de jours, on a tenté de fuir… » Hala, Adel et leurs enfants arrivent à passer de l’ouest à l’est de Mossoul. Aujourd’hui, même si les combats sont finis, ils ne peuvent toujours pas rentrer chez eux. « Notre maison a été complètement détruite dans le bombardement. Alors, on vit ici, avec d’autres membres de notre famille qui ont aussi tout perdu. Nous sommes 22 personnes à vivre dans la même maison. Les conditions sont très difficiles pour nous. Je ne peux plus travailler depuis mon accident, et je n’ai plus les moyens de subvenir aux besoins de ma femme et de mes enfants. Depuis ce jour d’avril, j’ai l’impression de vivre dans une espèce de prison. Une sorte de tourbillon dans lequel tout semble aller mal… J’essaie de rester positif autant que je le peux, mais dire que c’est facile serait mentir », commente doucement Adel, qui assiste aussi à la session de Nada.

Les parents de la petite fille expliquent que l’assistance de HI les aide à retrouver un peu d’espoir. « Un jour, j’ai vu un homme amputé marcher dans la rue. Il avait une prothèse et je me suis dit que c’est ça qu’il faudrait pour mon mari et pour Nada », commente Hala quand elle se remémore la première fois qu’elle a entendu parler de l’association. « Il m’a recommandé de venir vous voir ici et cet été, Adel et Nada ont commencé les sessions avec votre équipe. » Le père et sa fille ont fait beaucoup de progrès depuis la première séance et ils pourront bientôt être appareillés de prothèses, eux aussi.

« Nous faisons nos exercices tous les deux, que ce soit à l’hôpital ou à la maison » commente Adel. « Nada est une source de motivation pour moi. Même quand elle est fatiguée, elle vient aux séances de réadaptation et elle ne se plaint pas. Elle s’est beaucoup améliorée depuis qu’on vous a rencontrés. Les sessions nous aident à aller de l’avant. » Nada achève ses exercices et c’est au tour d’Adel de commencer les siens. La petite fille va s’asseoir à côté de sa mère et regarde son père avec affection. Sourire lui fait encore mal et ses cicatrices tirent la peau de son visage, mais Nada ne semble pas pouvoir s’en empêcher. 

 

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