« Je veux pouvoir remarcher un jour »
Mohammad faisant des exercices de rééducation avec Lotfi. | E. Fourt/Handicap International
Au quatrième étage d’un bâtiment vétuste sans ascenseur, un homme est assis, silencieux, dans son salon. Mohammad ne sort que très peu de cette pièce, il n’a pas mis un pied dans la rue depuis des semaines. Complètement immobilisé depuis son accident en Syrie, il est dépendant des dix membres de sa famille qui vivent avec lui. Lorsque l’équipe de Handicap International fait son entrée dans la pièce, le visage du père de famille semble s’illuminer. Sa mobilité mais aussi ses interactions sociales sont limitées.
Lotfi, kinésithérapeute de l’association, s’enquiert d’abord de l’état du père de famille. « C’est sa quatrième session de réadaptation aujourd’hui », explique-t-il, avant de commencer une série d’exercices avec Mohammad.
Alors qu’il s’entraîne à se lever et s’assoir, le Syrien partage avec l’équipe son histoire. « A cette époque, je travaillais comme primeur. Je vivais dans une zone relativement tranquille compte tenu de la situation dans mon pays, mais ce jour-là, alors que je rentrais du travail, des combats ont commencé dans ma ville. J’ai reçu une balle perdue et des éclats d’obus dans le cerveau et un mur s’est abattu sur moi. » Mohammad est transporté dans plusieurs hôpitaux mais il est déjà trop tard : les médecins lui annoncent qu’il est partiellement paralysé.
Pourtant, le père de famille ne désespère pas. L’un de ses proches, également blessé quelques mois plus tôt, a trouvé refuge au Liban et lui affirme qu’il bénéficie là-bas de bons soins de réadaptation. Mohammad part donc dans le pays voisin, avec sa femme et ses enfants. Une fois installé dans le nord Liban, il prend contact avec Handicap International, demandant si l’association peut lui apporter son assistance. « Nous sommes venus lui rendre visite une première fois, pour évaluer son cas », explique Mouna, travailleuse sociale. « J’ai immédiatement ressenti de la joie quand je les ai rencontrés », ajoute Mohammad, « j’ai tout de suite su qu’ils allaient m’aider ».
Les mots qui sortent de la bouche de Mohammad témoignent des progrès qu’il fait au cours des sessions de réadaptation. « Quand je suis arrivé au Liban, je ne pouvais pas parler, même pas dire un mot », explique le Syrien.
Ses jambes et ses mains sont encore tremblantes et instables et la douleur se lit sur son visage lorsqu’il tente de se mettre debout, mais rien ne semble l’arrêter. Il persévère et exécute avec détermination tous les exercices initiés par Lotfi.
« Je n’abandonnerai pas », explique-t-il. « Je veux pouvoir remarcher un jour, travailler à nouveau et subvenir aux besoins de ma famille. » Mohammad rêve de rentrer en Syrie et sa parole retrouvée est un signe d’espoir pour lui, comme s’il se rapprochait un peu de la vie d’avant qu’il souhaite tant retrouver.
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