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« Nos blessures sont notre motivation »

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Liban

Ayman et Mohammad, réfugiés syriens ne se connaissaient pas avant d’arriver au Liban. Le destin les a réunis dans le pays voisin de la Syrie. Les deux hommes se reconstruisent aujourd’hui ensemble, avec le soutien de Handicap International. L’association leur a fait bénéficier de services de réadaptation et donné du matériel pour faciliter leur quotidien. Et Ayman aide aujourd’hui à promouvoir les droits des réfugiés handicapés et blessés au Liban. 

Mohammad et Ayman, deux amis inséparables

Mohammad et Ayman, deux amis inséparables | © G. Vandendaelen / Handicap International

Un après-midi d’été, dans la ville de Tripoli. L’équipe de Handicap International patiente, dans la rue, devant une petite boutique de téléphones portables. Mohammad, assistant social et Fadia, kinésithérapeute, sont en train d’attendre Ayman. Quelques minutes plus tard, un homme assis dans une chaise roulante apparait au bout de la rue et les rejoint. Ayman, en dépit de son handicap et de son statut de réfugié, a réussi à créer son entreprise et à redémarrer sa vie à Tripoli. Pourtant, rien n’a été facile pour lui. 

« Lorsque le conflit a débuté en Syrie, la situation s’est très vite dégradée dans ma ville. Un jour, alors que je me rendais au supermarché, quelqu’un m’a tiré dessus, sans aucune raison. La balle a atteint ma colonne vertébrale et j’ai immédiatement été transporté à l’hôpital. J’y suis resté pendant trente heures. Au début, les médecins m’ont dit que je m’en sortirais avec des sessions de kinésithérapie et du repos. Mais au fil des mois, j’ai réalisé qu’ils s’étaient trompés. Il m’a fallu un an pour comprendre que je ne remarcherais pas. C’est à ce moment-là que j’ai décidé de quitter la Syrie. Je suis quelqu’un de très indépendant et je ne pouvais me faire à l’idée d’être une charge pour ma famille, même s’ils ne le voyaient pas comme ça. Alors, j’ai pris la route du Liban. »

Une fois la frontière passée, Ayman est admis dans un hôpital public pour des sessions de réadaptation. Il y rencontre Mohammad, un autre Syrien arrivé récemment. Comme lui, Mohammad a été touché par une balle perdue, alors qu’il marchait dans une des rues de son quartier. Très vite, les deux hommes se lient d’amitié : « Au début, nous parlions surtout de nos blessures et des sessions de réadaptation. Mais au fil du temps, nous sommes devenus comme deux frères, issus de parents différentsLorsque l’un de nous avait besoin d’être remotivé, l’autre était toujours là pour le soutenir. Nous faisions même des compétitions, lors de nos séances de kinésithérapie. C’était à celui qui ferait le mieux ses exercices… », se souvient Mohammad, le sourire aux lèvres. 

Quelques mois plus tard, Ayman, Mohammad et d’autres réfugiés syriens handicapés décident de trouver un logement ensemble lorsqu’ils doivent quitter l’hôpital. « Tout est devenu plus dur à partir de là », admet Ayman. Malgré l’adversité, les deux hommes ne désespèrent pas. Ils réfléchissent au meilleur moyen de reprendre la vie là où ils l’ont laissée en Syrie. Dans leur pays, Mohammad était électricien et Ayman était ingénieur en électronique. Les deux Syriens décident de mettre en commun leurs compétences pour créer leur propre activité. « J’ai d’abord essayé de chercher un travail, explique Ayman. Mais personne ne voulait employer un réfugié handicapé. Alors, j’ai pensé que créer ma propre société était le meilleur moyen de gagner ma vie. »

Le chemin est long et les deux hommes font face à de nombreux obstacles. Mais rien ne semble les stopper. Ils reconstruisent un vélo à partir d’un moteur de machine à laver, pour continuer leur séance de kinésithérapie depuis chez eux. Ayman se marie, puis Mohammad aussi. Chacun fonde sa famille et leur boutique commence à avoir du succès dans le quartier. Ayman est en charge des affaires avec les clients, pendant que Mohammad gère la maintenance. C’est aussi à ce moment-là qu’Ayman décide de s’impliquer davantage dans les activités de Handicap International. 

« Je suis convaincu que rien n’est impossible, raconte-t-il. Je pense toujours au « Yes, we can » de Barack Obama. Je porte un message : je veux faire en sorte que les personnes handicapées et réfugiées ne soient pas abandonnées par la société. Je veux aussi changer le regard que les gens ont sur nous, car nous n’avons pas besoin de pitié. Comme tous les êtres humains, on a des espoirs et de la dignité. Je vais toujours de l’avant et à travers mon histoire, c’est ce que j’essaie de communiquer aux gens. Nous ne sommes pas des personnes avec des besoins spéciaux, juste des individus avec des défis importants. »
 Mohammad, quant à lui, compte construire prochainement une salle de réadaptation dans son jardin, à partir de matériaux recyclés. 

Rien ne semble arrêter les deux hommes, portés par leurs ambitions et leur amitié. 

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