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Angie, 20 ans, femme démineuse : « Je continuerai jusqu’à ce que la Colombie soit libre de mines »

Colombie

Angie, 20 ans, est démineuse pour Handicap International à Cajibío, en Colombie. Portrait de cette jeune fille engagée pour la liberté de son pays.

4h30 du matin : réveil sur le campement de Cajibío, dans le Cauca, département fortement touché par le conflit qui a affecté la Colombie durant une cinquantaine d’années. Les démineurs sortent de leur tente, enfilent leur combinaison et se regroupent. Petit déjeuner, rappel des consignes de sécurité, vérification du matériel de déminage. L’équipe est prête et s’avance vers la zone de La Venta, de 411 m2. Angie, 20 ans, met son casque, s’agenouille, et creuse la terre, centimètre par centimètre. Le soleil se lève doucement sur la Colombie, deuxième pays le plus affecté par les mines dans le monde.

« Déminer ce terrain, qui est situé le long de l’autoroute panaméricaine, n’est pas évident. Des  déchets métalliques s’y amoncellent et il y a constamment du bruit. Il est donc impossible d’utiliser les détecteurs de métaux, qui n’arrivent pas à repérer les engins explosifs, et dont on n’entend pas le signal. On doit donc procéder manuellement, ce qui engendre du stress, prend du temps, et demande beaucoup de concentration. En trois mois, on a détruit un engin explosif improvisé. Ça ne semble pas beaucoup, mais c’est un engin qui peut faire des victimes, et on a peut-être sauvé des vies. Pour moi, c’est énorme », explique Angie.

Devenir démineuse n’a pas toujours été une vocation pour elle : « J’ai grandi comme beaucoup d’autres filles : j’aime ma famille, mes copines, faire du shopping. Je voulais travailler dans la police. Après mes études, j’ai obtenu mon diplôme de ‘criminalista[1]’. Je voulais assurer la justice, aider mon pays. Il y a dix mois, j’ai vu l’offre d’emploi de HI : une révélation. J’ai postulé et passé une série d’examens : exprimer mes motivations, démontrer mon endurance physique (abdominaux, course, etc.). On m’a aussi demandé si j’étais capable de porter plus de cinq kilos en permanence (le poids de la combinaison), et si j’étais flexible concernant les déplacements. J’ai dit oui à tout. Et j’ai été engagée.

On était plus de cinquante démineurs à suivre une formation intensive durant un mois à Cajibío : nuits sous tente, apprentissage du déminage, etc. J’ai appris énormément », explique Angie.

Quand Angie aborde les risques liés à son métier, elle est lucide, mais confiante : « J’ai peur, mais je pense que si je respecte les consignes de sécurité, que je garde mon casque, il ne m’arrivera rien. Aujourd’hui, ma plus grande motivation, c’est de libérer ces terres ».


Toutes les six semaines, Angie rentre chez sa mère, Olga, qui tient un restaurant à Santander de Quilichao. Savoir Angie sur des terres minées tous les jours est une épreuve : « Nous vivons dans une zone qui a été fortement touchée par le conflit. J’ai des souvenirs de nuits entières cachée sous un lit, à sentir la présence d’hommes armés longer les murs de ma propre maison, et à entendre des grenades exploser. La maison des voisins a pris feu. J’ai perdu des proches. Cette guerre nous a profondément marqués. Alors, le jour où Angie m’a annoncé qu’elle voulait être démineuse… Ça a été très dur. Mais je prends sur moi : elle fait ce qu’elle veut. Et je la confie à Dieu ».

Fin de la journée, Angie est posée sur son lit dans sa tente, qu’elle partage avec Leonela, 19 ans, la benjamine de l’équipe : « J’aime bien la vie dans le campement, la collectivité, tout partager ; on est comme une famille. Je suis fière de contribuer à la paix de mon pays. Et je serai démineuse jusqu’à ce que la Colombie soit libre de mines », ajoute-t-elle, souriante.

 

[1] Secteur de la police spécialisé dans les investigations criminelles.

Posted on 9 novembre 2017.

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