Depuis le tremblement de terre, je n’ai plus qu’une jambe, mais j'ai trouvé un sens à ma vie : aider mes semblables
Uma, 18 ans, a perdu sa jambe suite au tremblement de terre qui a frappé le Népal le 25 avril 2015. Grâce au soutien de Handicap International, elle a reçu une prothèse et peut à nouveau marcher. Courageuse et confiante, Uma raconte son histoire, et nous confie ses projets d'avenir.
Uma, 18 ans, nous confie son histoire, assise au bord de l'eau dans jardins botaniques de Katmandou. | © Alison Baskerville/Handicap International
Uma Silwal, 18 ans, habite un village nommé Godawari, en surplomb de la vallée de Katmandou, au Népal.
« Nous avions une ferme, qui était dans la famille depuis quatre générations. Ma mère s’occupait du ménage et mon père était retraité après avoir été pompier. Nous menions une vie tranquille » commente Uma en décrivant sa vie avant le terrible tremblement de terre qui a frappé le Népal le 25 avril 2015.
« Nous avons senti le sol trembler et nous avons fui. Mon frère était devant moi. Le mur de l’étable s’est effondré et je me suis retrouvée coincée en-dessous. Umesh m’a pris la main et ma famille m’a tirée de là. Je ne me souviens pas de grand-chose après ça, seulement de la douleur».
« On m’a emmenée à l’hôpital et je me suis réveillée avec la sensation que quelque chose avait changé. J’avais perdu ma jambe ».
Pendant les deux premières semaines passées à l’hôpital, Uma a refusé de voir sa mère : « elle est ce que j’ai de plus cher et la voir m’aurait trop bouleversée ».
Umesh, le frère d’Uma, âgé de 21 ans, s’en est tiré sain et sauf mais a été profondément affecté par cette expérience. « Quand je regarde Uma, il y a un signe physique qui rappelle qu’elle a été blessée, » dit-il. « J’ai surtout été touché, et je suis encore sous le choc de ce qui nous est arrivé. »
Ce tremblement de terre, le plus grand qui ait frappé le Népal en plus de 20 ans, a provoqué la mort de plus de 8 000 personnes et blessé plus de 22 000 personnes. Plus de 2,5 millions de personnes se sont retrouvées à la rue et beaucoup vivent encore dans des abris temporaires.
Située dans la campagne, la maison de la famille d’Uma n’est accessible que par un chemin de terre escarpé. Cette maison a été détruite par le tremblement de terre et la famille vit actuellement dans un abri temporaire en tôle et en bois. Tout le monde travaille dur afin de reconstruire le bâtiment principal avec l’aide d’ouvriers locaux.
La mère d’Uma s’y applique depuis quatre mois. Elle participe au travail manuel, nourrit les ouvriers, ainsi que sa propre famille. « Ma mère n’arrête jamais. Parfois, je me dis que nous ne lui sommes pas assez reconnaissants. Elle est la personne qui m’est la plus chère, elle nous unit tous » déclare Uma.
Après être sortie de l’hôpital, Uma a commencé à fréquenter la Fondation népalaise pour le handicap, un centre de réadaptation local situé en ville et soutenu par Handicap International. Mais le trajet était long jusqu’à Katmandou Katmandou, et les transports en commun sont tellement bondés qu’il est compliqué pour une personne handicapée de les utiliser. De plus, la crise du carburant, qui a eu un impact sur les transports dans tout le pays, a également compliqué les déplacements d’Uma.
Après un premier traitement, Uma a commencé à passer la plupart de son temps chez elle, confinée dans sa petite chambre, jusqu’à ce que Jay Narayan Yadav, kinésithérapeute pourHandicap International, vienne lui rendre visite.
« Je restais assise dans ma chambre, jusqu’au jour où Jay est venu et m’a appris à utiliser ma prothèse. Je pensais que je ne marcherais plus jamais, cela a changé ma vie. Et j’ai dû m’entrainer en pratiquant des exercices de réadaptation tous les jours, afin de pouvoir retourner à l’école ».
Quand Uma est retournée à l’école, elle n’a pas expliqué en détail son accident, elle a simplement dit qu’elle avait été blessée lors du tremblement de terre, et qu’elle boitait. Une seule de ses amies connaissait la vérité. « Aujourd’hui, je peux vivre comme je vivais avant, quand je n’étais pas handicapée. C’est encore difficile de marcher sur des pentes ou sur des chemins irréguliers, mais j’y arrive », raconte-t-elle.
« Mandeera Bajracharya (19 ans) sait tout de moi. C’est ma meilleure amie. Je lui dis tout. Je ne veux pas être traitée différemment des autres élèves, donc je cache mon handicap. Sinon, le jour où ils iront marcher, ils ne me proposeront pas de les accompagner. Et je ne veux pas ça. Je peux vivre comme les autres, mais différemment ».
« J’adore randonner et j’essaie de marcher le plus possible avec ma prothèse. Je ne veux pas que les gens remarquent que je suis handicapée, car ils me traiteront différemment » explique Uma en montant une pente dans les Jardins botaniques nationaux de Katmandou.
Avant le tremblement de terre, Uma faisait des études d’ingénieur. Son père venait d’être retraité après une longue carrière chez les pompiers népalais et s’habituait à vivre à la maison avec des revenus en baisse. « J’ai toujours su que je devais étudier et avoir un emploi afin d’aider ma famille » déclare Uma.
« Avant, quand je voyais des personnes handicapées en rue, je ne me rendais pas compte. Je ne savais pas ce que c’était d’être l’une d’entre elles. Aujourd’hui, je suis l’une d’entre elles. Je dois m’investir pour les aider. J’ai donc décidé d’étudier pour devenir assistante sociale, et aider les personnes handicapées ».
Uma a décidé de se réorienter vers le travail social. « Avant le tremblement de terre, plusieurs choix s’offraient à moi. C’est comme si avec deux jambes, j’avais deux chemins à prendre. Depuis le tremblement de terre, je n’ai plus qu’une jambe, mais j’ai trouvé un chemin clair : aider ceux qui vivent la même situation que la mienne ».
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