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Lam Ngeung : démineuse, un rêve de petite fille.

Mines et autres armes
Laos

Lam Ngeung est consciente que démineuse n’est pas un métier ordinaire pour une femme. Elle le vit comme une véritable vocation. Lam travaille depuis sept ans auprès de Handicap International et parcourt les terres polluées par les restes explosifs de guerre (REG) de Sepon, au sud du pays, pour détruire, un par un ces engins de morts. Un travail long, éprouvant, mais qu’elle juge très utile pour les habitants de son pays.

Lam Ngeung, démineuse, met en place le détonateur qui permet de faire exploser les sous-munitions à distance.

Lam Ngeung, démineuse, met en place le détonateur qui permet de faire exploser les sous-munitions à distance. | © Nicolas Axelrod/Handicap International

« Depuis mon enfance, j’ai envie de devenir démineuse. Quand j’étais petite, mon père a été victime d’un accident avec un REG. En cultivant un champ près de la maison familiale, il a heurté une sous-munition avec sa bèche. Il n’a été que légèrement blessé mais des fragments de la bombe l’ont atteint à la tête et il a été traumatisé par cet accident, tout comme nous. Il est conscient d’avoir eu beaucoup de chance. Je souhaite pouvoir empêcher que d’autres accidents de ce genre ne se produisent. »

Lam Ngeung, jeune femme de 30 ans, travaille aujourd’hui depuis 7 ans comme démineuse pour Handicap International. Mariée, et maman d’un petit garçon de 14 mois, elle s’implique tous les jours dans ce travail dangereux, mais qu’elle adore. Lam Ngeung fait la fierté de ses proches qu’elle ne voit que durant l’arrêt des opérations, c’est à dire quelques jours à la fin du mois. « Ils sont ravis de voir mon implication au sein de Handicap International. Ils savent que je travaille durement mais que c’est pour le bien des habitants de villages pollués comme l’était le mien. Ce travail me permet également de prendre soin de ma famille en payant certaines de leurs charges avec mon salaire. »

Le déminage, plus qu'un métier, une vocation

Lorsqu’on lui demande ce qui l’a poussée à être démineuse, Lam Ngueug répond tout naturellement qu’elle a eu envie de venir en aide à la population du Laos en permettant aux agriculteurs d'accéder à leurs terres en toute sécurité, donc en enlevant tous les munitions non-explosées. A cela s’ajoute l’accident dont son père a été victime lorsqu’elle n’était encore qu’une enfant. En effet, un jour en retournant la terre dans leurs champs, sa bèche a heurté une munition non-explosée qui a explosé. Son père en a gardé une cicatrice sur le visage, mais surtout un traumatisme encore bien présent. Consciente de la chance qu’avait eue son père, Lam Ngueug, encore petite fille, a vu naître en elle le désir d’empêcher que cela puisse se reproduire.

C’est en 2006 que l’opportunité de réaliser son souhait se présente : « J'ai entendu un message à la radio du village disant que Handicap International recrutait des démineurs. Etant fortement intéressée par ce métier, j'ai envoyé mon CV et je suis devenu démineuse ». Lam Ngueug avait continué ses études dans l'agriculture après le lycée afin de travailler pour sa famille. Ce message à la radio a changé ses projets et c’est ainsi qu’après une formation de deux mois à Handicap International, l’association lui a offert son premier travail. Elle a été l’une des pionnières dans ce secteur au Laos.

Une vigilance de tous les instants

« Mon rôle est de rechercher les restes explosifs de guerre et de les détruire. Je peux vérifier une surface de près de 100 m² par jour avec mon détecteur de métal. Ce détecteur émet un son que j’écoute attentivement afin de savoir si une morceau de métal se trouve dans le sol. Ensuite je délimite la zone de danger à l'aide de piquets, je m’agenouille et creuse délicatement autour de la zone délimitée, pour vérifier s’il s’agit d’une munition non-explosée ou pas.

Mon équipe comprend 10 autres personnes dont des démineurs et une équipe médicale qui est prête à intervenir en cas d’accident. J’ai été impressionnée et très excitée la première fois que j’ai trouvé un reste explosif de guerre. C’était une sous munition de type BLU 26. Je n'avais pas peur grâce à la formation que Handicap International m’a délivrée. J’ai reporté immédiatement ma trouvaille à mon chef d’équipe qui a marqué la zone dangereuse. C’est lui qui organise ensuite la destruction des engins non explosés. Je l’aide en mettant en place le détonateur qui va provoquer l’explosion. »

Lam Ngueug le reconnait, ce métier est dangereux : « Trouver des munitions non-explosées est vraiment un métier à risques. Par exemple, quand nous creusons pour trouver ces munitions non-explosées, si nous creusons sans attention, cette munition non-explosée peut nous exploser au visage. Ces engins ont été créés pour tuer des gens et restent toujours sensibles. Ils peuvent donc nous mutiler à vie. Handicap International m’a également formée aux premiers secours. Je peux venir en aide à mes collègues en cas d'accident. Des simulations d'accidents sont organisées tous les mois pour répéter ces gestes qui peuvent sauver des vies ».

Ce jour là, Lam Ngueug accompagne l’équipe de dépollution mobile à Po Say, un petit village de la province de Savannaketh, dans le sud du pays, pour détruire une trentaine de sous-munitions BLU26, des sous-munitions américaines utilisées pendant la guerre du Vietnam. « Nous relions les engins non explosés à une charge d’explosifs, puis nous coupons tout accès à la zone sur 300 mètres. Bien sur nous devons nous assurer que tous les habitants évacuent bien leur maison et quittent la zone de danger. Ensuite j’accroche un câble entre la TNT et le détonateur pour déclencher l’explosion.»

Pour un avenir sans danger

La présence de munitions non-explosées au Laos affecte toujours l'accès aux champs, à l’école, à la rivière ou aux forêts. Lam Ngueug aimerait un jour voir son pays libre de tous ces restes explosifs de guerre pour enfin être certaine que la population n'aura plus aucun risque à reprendre le cours d’une vie normale. « Avec ce métier, je me sens utile, j’aimerais pouvoir aider mon pays à se débarrasser définitivement de tous ces engins de mort pour assurer un avenir sans danger à tous les enfants. Je souhaite exercer ce métier jusqu’à ma mort ». Pour l’avenir, elle dit aussi qu’elle aimerait encore beaucoup d’enfants, « encore deux ou trois au minimum », nous confie-t-elle, en riant, « c’est aussi pour eux que je travaille aujourd’hui, pour leur futur soit plus apaisé ».

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