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Les enfants réfugiés, vulnérables aux problèmes de santé mentale

Santé
Liban

Handicap International et ses deux partenaires locaux proposent des soins de santé mentale aux enfants dans cinq camps de réfugiés palestiniens au Liban. Chaque année, près de 250 enfants et leur famille reçoivent le soutien de l’association. Sophia Maamari, conseillère en santé mentale à Handicap International, apporte son expertise à ce projet.

Handicap International

Qu’entend-on par problèmes de la santé mentale ?
Sophia Maamari : C’est une notion très large. Les problèmes les plus fréquemment rencontrés chez les enfants dans les camps au Liban sont ceux liés au comportement, les signes d’anxiété, le retard du langage ou le bégaiement, l’hyperactivité et les difficultés d’attention, les problèmes d’apprentissage… Mais nous suivons également des enfants atteints de problèmes plus lourds, comme la trisomie ou l’autisme.


Que fait précisément Handicap International pour les enfants ayant  des troubles de la santé mentale ?
Depuis 2010, nous travaillons avec deux organisations partenaires, le Community Based Rehabiliation (CBRA) et le Family Guidance Center (FGC) dans 5 camps de réfugiés palestiniens, dans le Nord et le Sud du pays. Nous menons des séances de sensibilisation, directement chez les réfugiés, ces derniers ayant invité leurs voisins et leur famille élargie à y assister. Ces séances sont menées par des agents communautaires, des femmes réfugiées formées par nos soins pour les mener et faire le lien avec les réfugiés. Ce sont le plus souvent les mères qui assistent à ces séances.

On explique quels sont les différents troubles de la santé mentale chez l’enfant, comment agir pour améliorer son état, à qui s’adresser si le problème est ou devient sérieux… Nous donnons des conseils sur la bonne attitude à avoir : ne jamais utiliser la violence ; face à un enfant hyperactif, formuler des messages courts pour qu’il comprenne bien ce qui lui est demandé : « Je te l’ai dit mille fois mais tu ne comprends pas… », c’est trop long. Il vaut mieux aller droit au but : « Je veux que tu ailles dormir maintenant ». Et nous donnons des clés pour comprendre le comportement de son enfant.


Un camp de réfugiés est-il un environnement qui favorise particulièrement certains troubles de la santé mentale ?
Oui, un camp est un monde très anxiogène. Les familles de réfugiés palestiniens vivent dans des camps depuis plus de 70 ans. Elles subissent de nombreuses discriminations, comme des restrictions de déplacements, d’accès au travail, avec un impact sur leur santé mentale. Ce sont également des environnements très instables à cause de la présence d’armes à feu et de l’insécurité. Des accrochages entre groupes armés peuvent être fréquents.


Quels sont les soins proposés ?
Un enfant avec un problème de santé mentale sérieux est dirigé vers un des trois centres que nous soutenons. Il y est accueilli par une équipe pluridisciplinaire : travailleurs communautaires, psychologue, psychiatre, orthophoniste, physiothérapeute également car dans le Nord nous accueillons beaucoup d’enfants handicapés, ainsi qu’ergothérapeute et psychomotricien… On évalue les besoins de la famille. On établit avec elle les priorités et un plan d’action. Pour un retard du langage, par exemple, l’orthophoniste le verra tous les 15 jours et le travailleur communautaire passera chez la famille deux fois par mois pour répéter les exercices de la séance. En moyenne, chaque centre reçoit une trentaine d’enfants par semaine.


Car des activités sont prévues au domicile des réfugiés ?
Oui, le travailleur communautaire participe souvent avec l’enfant aux séances du spécialiste afin de refaire les exercices les plus simples à la maison : pour la stimulation du langage, il pourra faire un exercice consistant à nommer les choses liées à la nourriture. En psychomotricité, un exercice consistera à demander à l’enfant de  mettre un cerceau autour d’un objet pour améliorer la coordination des membres. Le travailleur communautaire peut intégrer une dimension psychologique : penser à la confiance en soi chez l’enfant, en invitant ses frères et sœurs à jouer avec lui.   


Comment cela se passe-t-il avec les parents ?
Le spécialiste informe les parents sur ce qui a été fait en séance avec l’enfant, pourquoi c’est utile… Il peut les inviter à y participer. Cela leur donne une autre image de leur enfant et de ses capacités, ce qui est important car ils le dévalorisent souvent à cause de son trouble ou de son handicap. De plus, comme les soins peuvent s’étaler sur plusieurs mois, surtout dans le cas d’un enfant handicapé, les parents doivent être en mesure de prendre le relai du spécialiste.


Et plus largement avec l’entourage ?
Dans le cas d’un enfant autiste ou trisomique, le travailleur communautaire se rendra avec lui à l’école pour donner des conseils aux enseignants, observer si l’enfant est bien intégré, trouver des solutions pour remédier à telle ou telle situation. Nous essayons également d’impliquer le voisinage : imaginons qu’une petite échoppe se trouve au coin de la rue. On y emmène l’enfant pour apprendre à acheter quelque chose, donner l’argent et recevoir la monnaie. En même temps, cela permet de sensibiliser l’épicier à son trouble de santé mentale, de montrer que l’enfant peut faire partie du quartier, qu’il n’a pas besoin de l’humilier, attitude malheureusement assez fréquente.  


Comment les enfants ayant un handicap mental sont-ils perçus ?
Les familles ont du mal à accepter un enfant autiste ou trisomique, car elles ne savent pas ce que c’est… On va se désintéresser de l’enfant. On ne le scolarise pas. On ne lui fait pas de place dans la famille. Il peut rester attaché derrière une porte et ne jamais sortir parce qu’on a honte de lui. Les filles de cette famille ne pourront pas trouver de mari car leur frère a un handicap... Le stigma est très fort ou à l’inverse on surprotège l’enfant ! A l’école, l’attitude des enseignants n’est pas toujours très positive. C’est un poids pour eux… Les séances de sensibilisation ont permis de casser de nombreuses idées reçues et, surtout, de faire reculer la honte que ressentaient les familles ayant un enfant handicapé.

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