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La moitié des enfants handicapés encore exclus du système scolaire

Droit Insertion Santé
International

HI publie aujourd’hui un rapport sur les problèmes d’accès à l’éducation des enfants handicapés dans les pays les plus modestes. Valentina Pomatto, responsable du plaidoyer inclusion pour HI, explique les enjeux de l’éducation inclusive. 

Philémon (11 ans) a été amputé suite à un accident de voiture qui a eu lieu près de sa maison, à Goma, au Nord Kivu. Sur cette photo, on peut voir Philémon à l'école. Parmi plus de 1000 élèves, il est le seul enfant avec handicap.

Philémon (11 ans) a été amputé suite à un accident de voiture qui a eu lieu près de sa maison, à Goma, au Nord Kivu. Sur cette photo, on peut voir Philémon à l'école. Parmi plus de 1000 élèves, il est le seul enfant avec handicap. | © Thomas Freteur/HI

32 millions d’enfants handicapés n’ont pas accès à l’éducation dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Une exclusion qu’on peut résoudre.

Les enfants handicapés sont-ils toujours exclus du système scolaire ?

Les enfants handicapés restent les premiers exclus du système éducatif : 50 % des enfants handicapés dans les pays à revenu faible et intermédiaire en sont toujours exclus. Seulement 42 % des filles handicapées terminent l'école primaire, contre 51 % des garçons handicapés (Unicef). Les enfants souffrant d'un handicap sensoriel, physique ou intellectuel ont un taux de scolarisation faible, avec deux fois et demi plus de chances de ne pas être scolarisés du tout (Unesco).

Qu’est-ce qui empêche l’accueil des enfants handicapés à l’école ?

Beaucoup d’établissements scolaires restent inaccessibles – pour une personne en fauteuil roulant, par exemple. Le matériel pédagogique comme un livre de classe est souvent inadapté. Les enseignants sont peu préparés à accueillir un enfant handicapé : tel professeur ne pensera pas à installer au premier rang un élève qui a une difficulté visuelle et pensera qu’il n’a pas le niveau alors qu’il n’arrive tout simplement pas à lire le tableau…. Lever ces obstacles est essentiel.

Mais ce n’est pas toujours suffisant…

Non, ce n’est pas toujours suffisant ; c’est l’objet de notre rapport… De nombreux obstacles se trouvent en dehors de l’école. On voit mille scénarios : un enfant n’a pas accès à des soins en réadaptation – trop éloignés ou trop coûteux ; son état de santé se dégrade et il se retrouve incapable de suivre sa scolarité. Des parents ont perdu leur emploi ; en l’absence de filet social, ils demandent à leur enfant d’abandonner l’école et de travailler pour soutenir la famille. Les préjugés dans l’entourage peuvent être forts : une personne handicapée n’est pas capable de suivre des études, pensera-t-on, à quoi bon l’envoyer à l’école…

De plus, les enfants handicapés, quand ils sont scolarisés, le sont souvent dans des conditions de ségrégation : en Asie, en Amérique Latine et les Caraïbes, 40 % des enfants handicapés sont scolarisés dans des établissements spécialisés, sans contact avec les autres enfants (Global Education Monitoring Report, 2020). Cette solution n’est pas acceptable car elle renforce le stigma et la discrimination.  

Le COVID est-il un défi pour l’inclusion des enfants handicapées ?

Jusqu'à 90 % des enfants et des jeunes ont vu leur éducation perturbée depuis le début de la pandémie en mars 2020. 30 pays connaissent encore des fermetures d'écoles complètes, soit environ 33 % de la population étudiante (Unesco). Parmi eux, beaucoup d’enfants handicapés ont arrêté l’école.

Il y a eu de nombreuses initiatives pour garantir l’éducation à distance pendant les mesures de confinement, notamment en ligne. Mais la plupart des enfants handicapés sont issus de familles très pauvres qui ont rarement un ordinateur à la maison. De plus, les cours sur Youtube ou à la radio, comme cela a été fait dans certains pays, ne sont pas accessibles à des enfants sourds ou aveugles.

Enfin, il faut comprendre que l’école offre bien plus que des cours : c’est à l’école qu’une grande partie des enfants prennent leur seul repas de la journée, accèdent à des services de soins dispensés dans le cadre scolaire, ont accès à des services de protection de l’enfance... Pendant les mesures de confinement et la fermeture des écoles, tout cela pour eux a disparu.

Que demande HI ?

Nous demandons aux bailleurs internationaux, dans leur aide au développement, d’investir dans l’éducation. Le financement pour l’éducation a stagné ces 10 dernières années, accentuant le risque d’une augmentation des inégalités. Nous demandons un investissement dans une éducation gratuite, inclusive, qui ne reproduise pas un système scolaire qui ségrégue les enfants.

Nous incitons les Etats des pays à revenu faible et intermédiaire à coordonner l’éducation avec la santé, les services sociaux, la protection de l’enfance, les transports… Cela veut dire, par exemple, une politique d’aide aux familles démunies, la mise en place d’un système de soins décentralisé (car souvent les centres médicaux n’existent que dans les grandes villes et sont inexistants en zones rurales ou reculées…), des transports abordables et sûrs pour aller à l’école.

Nous leur demandons surtout d’écouter les personnes handicapées, leurs familles et les organisations qui les représentent : elles sont les mieux placées pour faire des propositions concrètes et améliorer l’accès à l’école.

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HI et l’éducation inclusive

En 2020, HI mène 52 projets dans 27 pays en Afrique de l’Ouest, centrale, du Nord et de l’Est, au Moyen-Orient et en Asie. Son travail se concentre particulièrement sur les enfants handicapés – les jeunes « apprenants » les plus vulnérables et exclus dans le monde, dans les contextes d’urgence humanitaires, tout comme dans les contextes de développement. HI vise à renforcer la scolarisation des enfants et des jeunes adultes handicapés à l’école.

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