Ukraine : HI soigne les personnes blessées par la guerre
Handicap International travaille dans les hôpitaux ukrainiens pour venir en aide aux personnes brûlées et amputées dans le cadre du conflit en cours.
Kinésithérapeute pour Handicap International en Ukraine, Violette enroule des bandages autour d'un patient brûlé par une explosion. | © HI
La réadaptation pour les blessures liées à la guerre
« On voit beaucoup de brûlures », explique Violette Van Bever, responsable de la réadaptation d'urgence de HI en Ukraine. « Il y a pas mal de blessures aux mains et au visage en particulier, car ces zones sont souvent exposées. Des patients viennent également pour des amputations. Dans l'un des hôpitaux où nous travaillons, nous avons vu 20 à 30 personnes amputées. »
Alors que le conflit armé se poursuit à travers l'Ukraine, les gens sont de plus en plus exposés aux explosions, aux brûlures et aux traumatismes. Si les hôpitaux continuent de traiter des patients de toutes sortes, les blessures liées à la guerre augmentent.
« Les patients arrivent par vagues, donc cela peut être assez irrégulier. Vous pouvez ne pas avoir de nouveaux patients pendant quelques jours, puis en voir arriver 10 d'un coup parce qu'ils sont transférés de l'Est. »
Violette Van Bever, responsable de la réadaptation d'urgence de Handicap International en Ukraine
Handicap International travaille à Tchernivtsi, Dnipro, Vinnytsia et Lviv pour aider les personnes touchées par la guerre dans tout le pays. Si les blessures liées à la guerre, comme les brûlures et les amputations, sont au cœur du projet de réadaptation de l'association à Lviv et Dnipro, plus à l'ouest, l'objectif est plus général.
« À Tchernivtsi, nous ne voyons pas de blessés de guerre. Notre travail là-bas vise les personnes atteintes de maladies et d'affections chroniques qui ont été déplacées par le conflit et n'ont pas accès à leurs soins habituels. »
Virginie Duclos, responsable de la réadaptation d'urgence de Handicap International
Sans aide, les patients risquent des complications
« Les patients amputés et les grands brûlés ont besoin d'un suivi à long terme, jusqu'à un an, pour éviter que des complications ne se développent », poursuit Violette. « Nous avons déjà vu certains patients souffrir de complications, principalement de rétraction et de perte d'amplitude de mouvement. Ils restent alités trop longtemps, parfois pendant un mois sans bouger, et ils perdent ainsi leur force musculaire. Nous prévoyons de grands défis dans le suivi à long terme. La réadaptation au niveau communautaire est assez peu connue ici, si bien que lorsque les patients quittent l'hôpital, ils n'ont aucun moyen de poursuivre leurs soins. »
Dans de nombreux hôpitaux où intervient Handicap International, aucun service de réadaptation n'est proposé. Lorsque les hôpitaux sont en mesure d'en fournir, leur capacité à prendre en charge les patients est limitée en raison d'un personnel insuffisant et d'une réadaptation précoce faible ou inexistante. Les spécialistes de l'association travaillent avec les hôpitaux pour renforcer et consolider leur capacité de prise en charge.
Handicap International offre une formation spécialisée au personnel
« Il faut que l'approche médicale comprenne et intègre l'importance de la réadaptation dans leur processus de guérison », ajoute Virginie Duclos. « Si les patients se font dire par leur médecin de ne pas bouger, ils n'écouteront pas un spécialiste de la rééducation qui leur dit le contraire. »
Rien que la semaine dernière, une trentaine de membres du personnel médical ont été formés à Dnipro à la prise en charge des traumatismes et des pathologies liées à la guerre.
« L'un de nos patients a également plaidé notre cause auprès de ses médecins. Depuis qu'il a commencé la kinésithérapie, il est tellement satisfait de la façon dont ses mains brûlées guérissent et de la souplesse de ses doigts. »
La santé mentale, une préoccupation croissante
« On voit aussi beaucoup de détresse psychologique, même chez le personnel », renchérit Virginie Duclos. « Ils travaillent comme des fous, ils voient beaucoup de patients blessés de guerre et ils souffrent aussi de cette guerre. Certains d'entre eux ont de la famille à l'Est et ils sont inquiets. Il arrive très souvent que le personnel nous parle avec des larmes aux yeux. »
Malgré cette période difficile, beaucoup se mobilisent pour soutenir les efforts humanitaires.
« Les gens sont très motivés », conclut Violette Van Bever. « Beaucoup de nos collaborateurs se sont portés volontaires en dehors de leur travail pour aider les personnes déplacées. Mais leur capacité à apporter leur soutien s'épuise. Au début, ils dépensaient leur propre argent pour transporter les gens et fournir de l'aide - maintenant ils ont commencé à atteindre leurs limites financières. Il faut des ONG compétentes ayant une approche systématique pour mettre en place des actions planifiées et soulager les personnes touchées par la guerre. »
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