Visite terrain : le directeur de HI Luxembourg en Afghanistan
Mehdi Magha, Directeur Général de Handicap International Luxembourg s’est rendu en Afghanistan du 20 au 30 janvier 2022. D'abord à Kaboul puis à Kandahar, où Handicap international gère depuis 1996 un des principaux centres de réadaptation et d’appareillage du pays. Sa visite était destinée à prendre la mesure de l’inimaginable dégradation de la situation humanitaire et des efforts des équipes de Handicap International pour soutenir la population.
Mehdi Magha, directeur de HI Luxembourg, avec Imran, 7 ans, soigné au centre de réadaptation de Kandahar | © Ouest France- P. Moyon / HI
Malnutrition, pauvreté, effets de la guerre … la population afghane terrassée par les crises en cascade.
Quartier de Kaboul, janvier 2022. © Ouest France- P. Moyon / HI
24,4 millions de personnes - soit 55 % de la population - ont besoin d'une aide humanitaire. Mehdi relate un pays dévasté par la guerre, l’effondrement de l’économie et les catastrophes climatiques : « Je suis marqué par la détresse absolue des gens que j’ai rencontrés. Chercher de la nourriture, se protéger du froid, se soigner sont devenus des défis du quotidien pour les Afghans. »
L’effondrement de l’économie conduit le pays au bord de la famine
« Le pays entier semble au bord de la famine. Plus personne n’est capable d’acheter des produits de première nécessité – notamment de la nourriture - en raison du manque d’argent liquide, de l’absence de travail, des salaires impayés et de la flambée des prix. Selon les Nations unies, 23 millions d'Afghans pourraient être en situation d'insécurité alimentaire en 2022. »
« À Kaboul, j’ai vu des enfants gelés de froid, fouillant dans les poubelles à la recherche de nourriture ou d’objets qu’ils pourraient revendre pour avoir un peu d’argent. Beaucoup de familles les envoient aussi dans la rue pour mendier. La mendicité s’est incroyablement généralisée. C’est devenu la seule source de revenu pour beaucoup de familles. »
« Une personne sur trois souffre de la faim aujourd’hui en Afghanistan. Plus d'un enfant de moins de cinq ans sur deux risque de souffrir de malnutrition aiguë. Au milieu de l'année 2022, l'Afghanistan pourrait être confronté à une « pauvreté généralisée », 90 % des Afghans vivant sous le seuil de pauvreté (1,90 dollar par jour). »
« Handicap International commence en mars prochain un programme de cash assistance auprès de 1.600 familles vulnérables à Herat et à Kunduz. Ces familles sont sans ressources et ont bien souvent un membre handicapé à charge. Handicap International distribuera entre 6 et 9 indemnités de 200 dollars, à chacune des familles, sur 6 mois environ. »
Des conditions climatiques extrêmes et une population au désespoir
« Plus de 500.000 personnes sont encore déplacées par les sécheresses successives, des catastrophes naturelles diverses et les conflits en Afghanistan. Ils doivent faire face à des conditions climatiques extrêmes pendant cette période d’hiver. À Kaboul, J’ai vu de nombreuses familles dormir sous la tente par moins 15 degrés dans le dénuement le plus total. »
« Toutes ces crises cumulées ont mis la population au désespoir. La responsable de la santé mentale chez Handicap International à Kaboul, Farhana Rahman Eshita, me racontait qu’elle n’avait jamais vu un tel taux de tentatives de suicide ces dernières semaines, signe que la détresse psychologique de la population est immense. »
Le système de santé tient grâce à l’aide internationale
« Sans le soutien international, les services de santé seraient incapables de répondre aux besoins sanitaires et médicaux. Les Nations unies et la Banque mondiale aident actuellement 2.149 établissements de santé primaire et secondaire dans 31 provinces. »
« À Kandahar, le centre de réadaptation géré par Handicap International fait face à un afflux de patients depuis septembre dernier. Nous recevons une moyenne de 100 patients par semaine, essentiellement des victimes du conflit, notamment d’armes explosives comme des mines ou des bombes. Les besoins sont immenses : 80 % de la population vit avec une forme de handicap, selon un rapport de la Fondation Asie, suite à 40 ans de guerre et la faiblesse du système de santé. Nous devons veiller à ce que les personnes vulnérables reçoivent les soins dont elles ont besoin. Si une personne handicapée ou blessée ne reçoit pas un traitement dans un centre de santé, sa mobilité se détériore et elle devient encore plus vulnérable. »
Visite Afghanistan : vue de l'avion
Quartier de Kaboul, janvier 2022
Centre de réadaptation de Kandahar
Mehdi avec Imran, 7 ans
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